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Jeune journaliste, j’essaie de pratiquer ce métier pour "raconter le monde" et donner à voir ce que l'on ignore parfois. « Le voyage ne commence pas au départ et ne finit pas au retour » écrit Kapuscinski dans Mes Voyages avec Hérodote. Pour expliquer la façon dont des gens que nous ne connaissons pas voient le monde et leur vie, il faut être près d’eux. En tentant de mieux comprendre leur point de vue on acceptera mieux la différence et peut-être verra-t-on qu’elle n’est pas si… différente ?

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Attention, Reportage et Photo déménage !
Vous êtes encore nombreux à venir visiter Reportage et Photo, pourtant cette adresse n'est plus mise à jour. Si vous souhaitez découvrir mes nouveaux articles je vous invite à venir les voir sur Reportageetphoto.fr. Vous êtes donc cordialement invité à venir y découvrir toujours plus d'analyses d'images, d'histoires de reportages et de documentaires multimédia à cette nouvelle adresse, plus pratique et plus belle.
- Antonin Sabot-Lechenet
10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 12:38

S'il est un poids dont les Tunisiens sont heureux de s'être débarrassés, c'est bien celui que faisait peser sur eux la police. Autrefois omniprésente et capable de tous les abus de pouvoir, des plus graves aux plus insignifiants et donc blessants, elle est aujourd'hui dans ses petits souliers.

 

Maintenant tu paies !

 

Pour les Tunissois que j'ai rencontré, c'est un « retour à la dignité », qui parfois se joue dans de petits riens. « L'autre jour, j'étais dans un café, m'a raconté un jeune. Et eux policiers sont venus prendre un café. Quand le patron leur a demandé de payer, ils ont fait mine de ne pas comprendre. Alors il l'a répété bien fort pour que tout le monde entende : Vous devez payer maintenant ! Ça ne leur était jamais arrivé de payer pour leur café. Maintenant ils sont obligés... ils ne peuvent plus faire ce qu'il veulent. »

 

De petites choses, mais qui rendent leur fierté et leur confiance en soit aux Tunisiens.

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 17:00

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La censure d'Internet en Tunisie a vécu. Les jeunes ici connaissaient bien les moyens de la contourner mais maintenant tout est en accès libre, même, s'amusent certains blogueurs tout en jurant ne pas vraiment être allé voir, les sites pornographiques. Ici, il n'y a pas eu besoin de nos fantasmes sur les Anonymous pour contourner la censure.

 

D'ailleurs contrairement à ce qui a été dit, Facebook n'a pas été vraiment censuré pendant les événements, seules quelques pages étaient bloqués mais elles étaient ensuite recrées ailleurs très rapidement. J'ai même lu dans je ne sais quel magazine que la Tunisie comptait plusieurs milliers de membres du réseau Anonymous. La bonne blague qui circule plutôt à Tunis est la réplique « même ma grand-mère connait les proxys *». Pas besoin de réseau fantôme ou de la photo du magazine Jeune Afrique avec des jeunes (dont un doit à peine avoir 12 ans) qui regardent une vidéo et légnedée « Des blogueurs du réseau Anonymous ».

 

Enfin dans les « PubliNet » de Tunis, d'où je vous envoie cet article, on est pas encore passé à l'acte II de la fin de la censure. On n'a pas encore enlevé les belles affiches avec marqué « Il est strictement interdit de consulter les sites prohibés ».

 

 

* note pour ma grand-mère à moi : je t'expliquerai.

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 12:30

Dans les rues de Tunis, la fierté déborde. Il y a beaucoup de gens qui vous abordent comme pour vous prendre à témoin de ce qui s'est passé dans le pays, de ce qui s'y passe encore et de ce qui va changer. « Alors tu as vu ? », interrogent-ils, sans avoir besoin de préciser de quoi ils parlent. On a tout de suite compris. Certains montrent du doigt tel ou tel édifice ou hôtel de luxe vendu trois bouchées de pain à un consortium libyen ou à des amis d' « Ali Baba ». « Maintenant c'est fini tout ça, fini ! », ajoutent-ils avec fermeté, comme une exhortation.

 

Une question reste en suspend et si elle est visiblement présente dans tous les esprits, personne n'y donne la même réponse : Combien de temps ? Combien de temps pour que cessent les abus, pour que la démocratie soit enfin là et pour que tout le monde puisse profiter des richesses du pays que le clan Ben Ali se partageait depuis des années ? Les revendications, on en a déjà parlé, n'attendent pas, au point que certains s'agacent de voir trop de revendications corporatistes et pas assez de vigilance politique. Mais pour ce qui est de la démocratie personne ne sait combien de temps il faudra. Peut-être six mois pour de nouvelles élections, mais après ? Deux ans ? Neuf ans ? Personne ne sait.

 

« Pour le moment on est dans le processus de préparation qui permettra ensuite de faire la transition », s'amuse à m'expliquer un étudiant, comme pour dire que ça n'est pas gagné. L'opposition a d'ailleurs elle-même demandé à ce que les élections n'aient pas lieux trop tôt afin de pouvoir mieux préparer son programme.

 

La question du temps semble aussi difficile à résoudre tant qu'on ne saura pas combien de temps vont durer les manifestations et qu'on ne sait pas combien de « purges » il faudra pour satisfaire ceux qui se sont sentis lésés par l'ancien régime.

 

« Il faut oublier 23 ans de dictature », m'a glissé un passant hier matin. Forcément, vu sous cet angle, ça peut prendre un peu de temps...

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 13:48

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La Tunis nouvelle est en effervescence. Depuis que Ben Ali a fuit, la plupart des gens sont bien retournés au travail, mais pourtant il reste impossible de recenser tous les mouvements, toutes les manifestations, qui agitent encore la capitale tunisienne, trois jours après sa « révolution ».

De rue en rue, de bâtiment administratif en bâtiment administratif, on dirait que chaque coin de rue est un lieu de revendication et de rassemblement.

 

Oui la vie a repris. Les vendeurs de rue sont là (ils ne font que pousser leur chariot pour éviter les foules qui longent l'avenue Habib Bourguiba), les cafés ou les restaurants sont ouverts et la plupart des personnes qui sont dans les rues ne sont que de simples passants. Mais il y a une effervescence, une ambiance, une certaine tension aussi, qui sont pour le moins peu communes.

 

Au détour d'une avenue, on tombe sur l'expulsion de je-ne-sais-quelle directrice d'administration, accusée par la foule de n'être qu'une corrompue. « Il y a des tas de gens qui ont un petit Ben Ali à eux au-dessus de leur tête et qui ne peuvent plus le supporter », m'expliquera plus tard un étudiant, quant à la destitution de ces petits tyrans ordinaires favorisés par un régime gangréné et clientéliste. La joie des manifestants dans ces moments est évidente et semble aussi grande qu'au premier jour. Une joie laissant pourtant cette petite légère impression du jugement populaire expéditif. La directrice en question étant emmenée dans une voiture, encadrée de militaires, sans que l'histoire dise si elle a vraiment été arrêtée ou simplement démise de ses fonctions et déposée un peu plus loin, abandonnée à sa nouvelle condition...

 

« Dégage ! Dégage ! Dégage ! »

 

Le mot d'ordre national tunisien, la réplique que l'on entend dans toute les bouches, que l'on voit graffitée sur tous les murs semble aujourd'hui être un débordant et contagieux « Dégage ! ». Il est sur toutes les lèvres, même sur celles de ceux qui ne manifestent pas mais qui se racontent les uns les autres se qu'ils ont vu. C'est un de ces mots qu'au Maghreb on ne prend pas la peine de traduire et qu'on prononce, en français dans le texte, au milieu d'une phrase en arabe.

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C'est sur l'avenue Habib Bourguiba, là où la foule, par son nombre, a fait vaciller Ben Ali le 14 janvier, que se concentre l'essentiel des cortèges de revendication. En milieu de matinée, ce sont surtout des jeunes qui crient leur fameux « Dégage ! ». Tout au long de la journée, ils sont rejoins par d'autres groupes, avec d'autres revendications. Certains repartent ensuite un peu plus loin, rentrent chez eux ou vont placarder sur une succursale du ministère de l'intérieur les noms de ceux qui selon eux ont profité du système.

 

A chaque attroupement son lot de discussions véhémentes. Difficile pour moi qui suis un piètre (et même moins que ça) arabophone de toujours bien comprendre les tenants de ses discussions. Certains estiment en tout cas que les revendications ont assez duré, que les changements obtenus sont suffisants (au moins pour le moment) et qu'il faut retourner au travail, d'autres se disputent sur les mots d’ordres car de nombreux groupes ont vu en ces manifestations des manières d'exprimer des revendications sectorielles. C'est notamment le cas de certaines branches particulièrement défavorisée qui étaient jusque là forcées de se taire. Ceux qui autrefois n'avaient aucune voix viennent toucher du doigt cette révolution et cette liberté de parole qu'ils viennent de gagner.

 

PS : Désolé pour  les petites photos, je suis parti en argentique sans compter bloguer, et me voilà donc réduit aux photos au téléphone portble

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 12:06

Fan de webdocumentaire, je m'étais jusque récemment contenté de l'approcher par la pratique du diaporama sonore. J'avais vu ça chez Mediastorm, à l'époque presque inconnu en France. Je braillais partout qu'il fallait qu'on se lance, que ça n'était pas si difficile après tout, photo plus son, tout le monde pouvait le faire, ajoutez un peu de vidéo et voilà le tout emballé. Mes premières expériences en la matière me confortaient d'ailleurs dans ce point de vue. J'ai fait quelques portfolios sonores qui avaient de la gueule et même une fois en y mélangeant de la vidéo, du texte et des cartes.


DU REPORTAGE...


En réalité, je ne crois pas qu'à l'époque je parlais vraiment de "webdocumentaire", mais plutôt de reportage multimédia. Et à la réflexion en effet c'est plutôt de ça qu'il s'agissait. Beaucoup de gens, ces dernier temps, s'acharnent à avancer la définition la plus pertinente du "webdocumentaire". Je n'en ai pas à proposer et je ne veux pas tracer une frontière entre les genres, mais je peux voir dans ma propre recherche, et à mon petit niveau, une évolution dans la pratique du multimédia. Et là encore, la réalisation d'Africascopie est une étape importante.


Avant de me lancer dans Africascopie j'ai réalisé de nombreux diaporamas sonores. Mis à part le côté technique, je trouve que la réalisation de ce type de format est finalement très proche du reportage classique : aller sur le terrain, interroger des gens, prendre des photos des lieux, des gens, des actions, prendre du son d'ambiance,... finalement il ne s'agit que d'enregistrer sur photo ou sur bande sonore les éléments qu'un reporter papier aurait notés sur son calepin. Le résultat était, je pense, ce qu'on pourrait définir comme le format "magazine" appliqué au web (même sur des sujets chauds d'ailleurs, ça donnait un peu de profondeur).


...AU DOCUMENTAIRE


Et puis il y a le webdocumentaire. Pour réaliser Africascopie, Jean et moi sommes un peu partis la fleur au fusil. Tous les deux avions déjà pas mal bougé (pour notre âge, tout est relatif) en reportage, multimédia ou pas. Et nous avons recueillis les éléments nécessaires au webdoc un peu de la même manière que pour un "gros diaporama sonore". Nous savions bien sûr qu'il faudrait plus de matière : plus de photos avec des plans plus variés, des vidéos en guise de plan de coupe, des vidéos "bonus" aussi, et des interviews qui serviraient d'éclairage en plus du récit linéaire normal, et d'autres éléments, chiffres, cartes, etc que nous recueillerions plus tard. Bref, tout un ensemble de choses que nous n'aurions pas enregistrées pour un simple diaporama-sonore, mais qui ne posaient pas de problème particulier, il suffisait juste d'être plus exhaustifs que d'habitude.


ECRIRE ET REALISER


Mais la vraie différence c'est l'écriture. Avant ou après, dans la préparation ou dans le synopsis et même au montage, on ne raconte pas un documentaire comme un reportage.


Dans le reportage, l'écriture coule de source. Bien sûr, cela nécessite de la recherche, de la nuance, ou parfois au contraire de la vivacité, etc... Mais tout cela découle souvent de l'angle que l'on a choisi. Il y a plus d'unité : on sait de manière plus ou moins évidente d'où l'on part et où l'on va.


Pour le webdoc, c'est autrement plus compliqué : il n'y a pas une seule manière d'écrire un webdoc (comme il n'y a pas une seule manière d'écrire un film), la narration peut-être chronologique, en étoile, chorale, etc... ajoutez à cela les aspects de navigation (la technique quoi) qui jouent aussi sur la manière de raconter l'histoire, et vous comprendrez premièrement que je ne livre pas de "recette magique" de l'écriture de webdoc, et deuxièmement que c'est un sacré job! (Notez que rien n'est dit ici sur la possibilité de faire ça seul ou à plusieurs. On peut très bien imaginer faire ça tout seul, c'est une simple question de temps.)


LE JOURNALISTE SE FAIT REALISATEUR


Sauf que s'il suffisait de prendre ce qu'on a, et de le coller bout à bout en suivant le synopsis que l'on a écrit, ça serait trop simple ! Comme on a désormais écrit une vraie histoire, on se rend compte qu'il va falloir faire coïncider trois matières distinctes pour qu'elles racontent la même histoire : dialogues (ou interviews), images et sons d'ambiance. Et c'est là où on aurait préféré tout écrire à l'avance, ou pour les meilleurs, arriver à y penser sur place pour faire parfois un peu "jouer" les gens : ne serait-ce que leur demander de se rendre à un endroit plus vivant pour raconter leur histoire "dans l'ambiance" ou autre artifice que les gens de la télé connaissent par coeur, mais dont le reporter papier se foutait jusqu'ici pas mal.


En réalité, à ce petit jeu, le journaliste qui veut prendre le spectateur par la main pour l'emmener là où il veut doit se faire réalisateur. Il doit penser à toutes les interactions entre ces trois éléments. Il doit savoir à chaque moment ce que disent l'image, les personnages qui parlent et le son d'ambiance. Et il ne doit pas y avoir de hiatus, sinon l'histoire n'est plus crédible et vous perdez l'internaute. Si dans un film le personnage commence et finit une action en étant habillé différemment, vous ne comprendrez pas. Dans un webdocumentaire, à priori vous pouvez avoir recueilli la matière sur plusieurs jours, mais si ça n'est pas dit, alors on ne comprendra pas pourquoi, entre deux phrases ou deux mouvement, votre personnage à changé de chemise... A ce stade le journaliste réalise son sujet et n'est plus uniquement reporter, dans le sens de "celui qui rapporte".


Bref le webdoc c'est du "storytelling" dans toute sa splendeur, avec ses avantages (si tu arrives à emmèner l'internaute c'est vraiment fort) et ses inconvénients matériels voire éthiques, puisque parfois on exagère ou "élastifie" un peu la réalité pour la rendre plus visible. Mais ça c'est une autre histoire.



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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 19:42

Pendant ma formation au CFJ, je me suis disputé avec certains de mes formateurs qui voulaient à tout prix nous inculquer les bienfaits du journalisme participatif. Sans entrer dans les détails, je trouvais leur vision beaucoup trop éloignée de l'intérêt qu'il y a dans ce métier à aller sur terrain chercher des informations, et eux me reprochaient mon "idéalisation" de ce métier.

Qu'ils se rassurent, je n'ai certainement pas rangé mon idéalisme au placard et je continuerai à mordre ceux qui me diront que le reportage (multimédia ou pas) n'a plus d'avenir. Mais l'expérience d'Africascopie m'a fait revoir certains a priori sur le "participatif".


Le participatif en reportage

Africascopie a été conçu comme un blog de reportage itinérant, somme toute assez classique. Des rencontres avec des acteurs des nouvelles technologies en Afrique ont été (plus ou moins) programmées et quelques sujets de reportages bien précis avaient une place dans nos agendas. Mais tout n'était pas prévu, loin de là. 

Attention, en reportage classique, tout n'est heureusement pas prévu ; mais ici nous avions clairement demandé, et ce dès l'origine du projet, à d'autres gens de nous aiguiller. Pas de nous dire entièrement où aller, mais de nous faire part d'idées, de projets dont ils aimeraient que nous parlions, des noms de personnes qui selon eux valaient la peine d'être rencontrées. 

Et ça a marché. En amont d'abord car nous avons pû publier quelques témoignages sur le blog avant même de partir. Et puis sur place aussi, car nous avons rencontré certaines des personnes qui nous avaient été conseillées ou qui avaient suivi le blog.

Ces rencontres ont fait l'objet d'articles sur le blog et nous ont aidé à comprendre les problématiques africaines des nouvelles technologies vues par leurs utilisateurs même et non pas en calquant la vision du reporter débarqué de France. Nombre de ces personnes ont fait l'objet de portraits sur le blog, certains se retrouvent même dans le webdocumentaire, jusqu'à en être, pour l'un d'eux, le personnage principal d'un chapitre.


Adaptation difficile, question de temps

Attention, tout cela ne veux pas dire que l'on s'improvise animateur de communauté d'un clin d'œil ou que l'on peut suivre aveuglément les conseils de ses lecteurs. Mis à part les évidentes questions d'angle qui font qu'on ne peut pas tout traiter ou que parfois les sujets ne valent pas le coup, il y a surtout la question de l'adaptation. Nous avons reçu beaucoup d'idées de sujets alors que nous étions déjà sur place. Certaines étaient très intéressantes mais il nous aurait fallu plusieurs jours rien que pour nous rendre sur place. 

Bref, suivre les conseils des membres d'une communauté a été un secours important, et nous avons parfois trouvé au dernier moment des interlocuteurs qui nous permettait d'écrire de bons articles. Mais toute capacité d'adaptation a ses limites, surtout dans le temps imparti du reportage, qui est, c'est bien connu, toujours trop court.

 

Le besoin d'une vraie communauté

L'important est donc de mobiliser le lecteur avant de partir. Se garder une marge ensuite mais avoir déjà beaucoup d'idées en stocks (comme sur un reportage classique on y revient). Mais pour pouvoir mobiliser cette communauté avant d'avoir un contenu à lui proposer, il a fallu aller en chercher une qui existait déjà. Nous avons eu la chance de pouvoir utiliser les forums de l'Atelier des médias, et donc un public "branché médias et technologies" et contenant beaucoup d'Africains. La révolution numérique en Afrique de l'Ouest était le sujet idéal pour les aborder et les faire participer. Ce que je veux dire, c'est que là encore ça ne se fait pas tout seul et que je n'appliquerais pas forcément la recette à d'autres sujets.


L'audience semble suivre

Mais le résultat est là. Le blog a permis la discussion d'autant plus facilement qu'il était identifié comme un réel lieu de proposition et qu'il n'était pas uniquement là pour dire "j'aime/j'aime pas". En lui proposant des sujets qui l'intéresse, et en la faisant participer, il y avait de nombreuses chances d'arriver à faire venir l'audience sur le blog ainsi que sur le webdoc. Et au final, blog et webdocumentaire ont attiré beaucoup de lecteurs.  

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 10:24
Venant de différents pays, du Maroc aux États-Unis, Abdellah, Jenny ou Mickaël parlent de leurs premiers souvenirs en France. De leur première nuit dans le pays.


Le Monde.fr publie cet été une série de témoignages audio qui vaut le détour (en 3 minutes par jour environ). Intitulée "Ma première nuit en France" elle raconte de manière originale l'immigration.

Souvent pour parler d'immigration on parle des conditions de vie dans le pays d'accueil, des raisons qui ont poussé à partir, parfois de la manière dont le voyage s'est passé. Ce que propose cette série est originale puisqu'elle peut combiner ces différents éléments en un moment crucial, la première nuit.

Au-delà de la nouveauté (à ma connaissance) de l'approche, cela à pour intérêt de condenser l'expérience unique qu'est l'immigration et de le faire sans pathos puisqu'il s'agit de raconter un moment précis et donc de se concentrer sur des souvenirs vécus plus que sur une impression d'ensemble (on répondra de manière plus précise à la question "comment s'est passée ta première nuit ?" que "comment c'était quand tu es arrivé ?")

Ce que je trouve beau dans cette approche c'est que justement le premier moment dans un pays où l'on va vivre est très important pour les immigrés. La diversité des profils fait que tous n'ont pas eu du mal à arriver en France, mais j'imagine que pour certains il s'agissait d'une délivrance (c'est le cas pour le premier de la série). Dans les quelques reportages que j'ai réalisé aux côtés d'immigrés, beaucoup ne connaissaient pas leur date de naissance... mais tous se souvenaient précisément de leur jour d'arrivée en France. Ils savaient si c'était un mardi ou un samedi, et beaucoup racontent ce qu'ils ont vu en premier, ce qu'ils ont ressenti , s'accrochant au moindre détal car cela s'est imprimé en eux. Ma mère m'avait raconté qu'un de ces amis, arrivé très jeune depuis le Maghreb, avait été très impressionné à son arrivée la nuit tombée à Paris. Voyant les lumières des villes, il avait dit à son père "Papa, les étoiles sont basses dans ce pays !".
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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 23:55


Ils sont là depuis deux semaines, 33 bld du Temple à Paris. A deux pas de la Place de la République. Ils avaient déjà passé un an à squatter la Bourse du Travail. Ils sont plus de 300 et dorment sur le trottoir. Il pleuvait aujourd'hui, il pleuvera peut-être cette nuit...

Leurs histoires ressemblent malheureusement à des dizaines que l'on a déjà entendues si l'on a fait le moindre sujet sur les travailleurs sans-papiers. Des années à travailler ; déclarées ou pas. Souvent en cotisant sans rien en retour. On ne cesse de les raconter leurs histoires, mais rien -ou si peu- ne bouge.
Je ne sais pas à quel point d'indifférence nous sommes arrivés. Je vais aller me coucher et demain je devrai écrire mon article. Je ne sais pas ce que je vais mettre dedans pour lui donner un air nouveau...

_______________________
L'article paru dans Monde.fr

La galerie FlickR
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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 16:02
Avant de vous parler à nouveau de la Moldavie, je tiens à vous signaler quelques articles réalisés cette semaine à Boulogne-sur-mer où les marins-pêcheurs bloquaient le port de pêche.

Boulogne-sur-mer marins pêcheurs

J'ai écrit deux articles pour Le Monde (dont un est visible sur le site, ici), vite fait un petit son de Xavier Bertrand pour le site internet du journal, et surtout rédigé quatre notes pour le blog de reportages du Monde dédié à la crise, "Engrenages" (1, 2, 3, 4).

Plutôt écolo, j'ai été très content de pouvoir écouter les arguments des pêcheurs sur les quotas de pêche, et voir qu'encore une fois, tout n'est pas aussi simple qu'on le présente souvent. Le but des billets sur le blog Engrenages était notamment d'amener certains témoignages sur ce terrain là. De faire parler les gens sur ce qu'on n'entend pas forcément quand il faut faire un papier expliquant les faits, même si on peut y ajouter un peu de couleur "reportage".

Son, photo, texte pour deux médias aux besoins différents (on n'écrit pas la même chose pour Le Monde et Le Monde.fr), ça a été un peu speed. Voulant soigner la photo, j'avoue avoir eu du mal. Pour le moment, le résultat est un mélange de photos un peu "news" et d'autres plus personnelles quand j'ai pu passer du temps sur les bateaux avec les matelots.

Boulogne-sur-mer marins pêcheurs
 

Mais le format du blog du Monde facilite tout de même la tâche et me semble une bonne manière d'aborder le reportage multimédia à un rythme news, c'est-à-dire à chaud (contrairement à des Mediastorm ou Ligne4, sûrement plus beaux, mais plus proches du documentaire et nécessitant plus de temps). Ici, on se contente d'une ou deux photos, de deux bouts de sons pas trop travaillés (on peut laisser les hésitations, les temps de réflexion des gens) et d'un texte finalement plus personnel, plus par petites touches. Dans un sens, c'est ce que j'aimais déjà faire ici...

J'ai mis quelques photos sur FlickR directement depuis Boulogne, mais j'ai encore pas mal de boulot d'éditions à faire pour toutes les mettre. Je vous laisse jeter un oeil sur les billets d'Engrenages en attendant.
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13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 23:57
Et voilà une dernière publication sur la Moldavie, chez Rue89 : http://www.rue89.com/2009/04/13/soulevement-en-moldavie-silence-on-reprime-en-coulisse

Je reviendrai dans quelques temps sur cette expérience de traitement "news" (comme on dit dans le métier) nouvelle pour moi, et sur mes idées au niveau du travail photo dans ces conditions.
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